Relevage approfondi de l'orgue de tribune de la Cathédrale de Soissons

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2017, la tempête Egon souffle la rose occidentale de la Cathédrale de Soissons dont les décombres tombent dans l’orgue en contrebas, l'écrasant et provoquant de très lourds dommages. L’instrument rendu injouable est alors en grande partie démonté et entreposé afin de permettre sa sauvegarde et la restauration de la rose, achevée en janvier 2022.

Avant cet accident dramatique, l’instrument avait bénéficié d'un entretien régulier.
S'impose maintenant le besoin de le restaurer et de valoriser toutes ses qualités musicales et sa place dans l'histoire instrumentale - qui pourraient justifier une protection au titre des Monuments historiques.

Le projet consiste en un "relevage" approfondi de l’instrument avec une restauration nécessaire et des améliorations techniques comprenant notamment :

• Une restauration de la tuyauterie endommagée ;
• Une rationalisation de l’alimentation en vent permettant de rapprocher l’instrument de sa conception initiale ;
• Une reprise complète de l’enchappage liée au renouvellement et à l’unification du tirage des jeux ;
• Une restauration complète de la mécanique des notes (y compris les machines Barker).

L'actuelle cathédrale de Soissons, construite à partir de 1175, représente deux périodes du style gothique : à la fois le premier art gothique pour le bras sud de son transept et un art gothique classique pour son chœur et la nef. Sa construction débute par le bras sud du transept puis le chœur au XIIIe siècle. La nef est achevée vers 1240, suivie du bras nord du transept à la fin du XIIIe siècle. L'ensemble de l’architecture s'impose par son harmonie. La cathédrale est classée monument historique par liste de 1862. Sa restauration venait d'être achevée, lorsque, durant les combats de la Première Guerre mondiale, elle sert de cible aux belligérants ; la partie supérieure de la tour de façade et les trois premières travées de la nef sont quasiment anéanties ; l'orgue en place subit le même sort. Une longue restauration de l'édifice s'ensuit, confiée à l'architecte Brunet. La reconstruction d'un orgue devra attendre l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Réalisée entre 1952 et 1956, la reconstruction de l’orgue est due à Victor Gonzalez. Cet instrument constitue l’ultime témoignage de l’art de cet emblématique facteur du courant néo-classique français qui a séduit tant de compositeurs ou d’organistes.

La restauration de l'orgue participe pleinement à la présentation et la mise en valeur de la cathédrale dans la continuité de la restauration de la rose et des toitures et baies hautes et contribue donc à l'attractivité touristique de ce territoire patrimonial. En dehors de l’intérêt de la singularité de l'instrument, elle permet de mettre en avant les métiers d'art de la facture d'orgue et leur savoir-faire. Traumatisés par la destruction de l'orgue, les Soissonnais pourront enfin retrouver la beauté de l'instrument accompagnant de façon harmonieuse la rose occidentale récemment restaurée. En dehors des offices religieux, l'orgue sera utilisé comme ce fut le cas avant le sinistre de 2017 pour des concerts et diverses manifestations culturelles, ainsi que l'enseignement de la pratique musicale.