Hôtel de Massa

Depuis le remontage pierres par pierres de l'Hôtel de Massa en 1927, les façades et la toiture du bâtiment n’ont pas été restaurées, elles requièrent aujourd’hui des travaux. L'urgence structurelle concerne la large corniche haute, fragilisée par des décennies d’infiltration provenant des chéneaux fuyards. Ces infiltrations ont affouillé les joints, provoqué l’éclatement de certaines pierres par l’effet des cycles de gel-dégel et altéré les parements en sous face. Suite à la chute de plusieurs blocs, des filets de protection ont été mis en place. Conformément aux obligations mises à sa charge, la Société des Gens de Lettre doit réaliser d’importants travaux de restauration de l’immeuble et de mise aux normes de sécurité et d’accessibilité.

Le projet mobilise un total de 80 artisans spécialisés, représentant un large éventail de métiers, notamment des maçons, des charpentiers, des sculpteurs, des peintres en bâtiment et des restaurateurs d'art.

L’hôtel de Massa a été construit entre 1778 et 1784 par l’architecte Le boursier, pour Denis-Philibert Thiroux de Montsauge, administrateur général des Postes, receveur général des finances de Paris. Il s’agit d’une « folie », maison de campagne et de de divertissement que l’aristocratie parisienne se faisait édifier aux portes de la capitale. Celle-ci s’élevait primitivement au coin de la route du Roule et du chemin des Champs-Elysées, aujourd’hui à l’angle de la rue de la Boétie et de l’avenue des Champs-Elysées.

Après avoir connu plusieurs propriétaires, il est acquis en 1926, par deux hommes d’affaires Théophile Bader est le fondateur et président des galerie Lafayette. André Levy s’occupe d’opérations immobilières. Ils ne souhaitent pas occuper l’hôtel, mais construire sur les Champs-Elysées, devenue une grande avenue à la mode, un complexe magasins-banque-building à l’américaine. À la demande de la commission du Vieux Paris, l’hôtel est classé monument historique. La Commission de classement envisage alors le déplacement du bâtiment. L’idée est venue d’André Lévy, grand amateur d’art. Elle est communiquée à Édouard Herriot, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, qui suggère également une donation à la Société des Gens de Lettres, dont il est membre. Edouard Estaunié, alors président de la SGDL, accepte bien volontiers, mais l’opération est au-dessus des moyens de la société. Un concours de générosité est alors entrepris : Théophile Bader offre non seulement l’hôtel de Massa, mais aussi le déplacement pierre par pierre sur un terrain mis à disposition par l’État, dans les jardins de l’Observatoire.

Le 16 juillet 1927, est officiellement posée la première pierre, sur laquelle ont été gravés les noms des donateurs et d’Édouard Herriot. Les travaux vont durer un an, sous la direction d’André Ventre, architecte en chef des Monuments Historiques. Les 2480 pierres sont numérotées par morceau et par rang, afin que l’hôtel soit remonté. Cela nécessite soixante-cinq ouvriers spécialisés, six camions de cinq tonnes. Un chantier audacieux dont la presse se fera l’écho pendant un an. Le 22 avril 1929, le comité de la SGDL peut tenir sa première séance à l’hôtel de Massa.

L'Hôtel de Massa est depuis 1928 le siège de la Société des Gens de Lettres et un haut lieu de la vie culturelle française. Elle met en œuvre, tout au long de l'année, une programmation culturelle de qualité, ouverte à tous les publics (rencontres, conférences, colloques, débats...). Organisme de formation agréé par l'AFDAS, la Société des Gens de Lettres organise également tout au long de l'année, des sessions de professionnalisation et des formations professionnelles adaptées aux métiers des auteurs du secteur du livre. Elle remet chaque année une quinzaine de prix littéraires et de bourses de création dotés pour soutenir et encourager la création littéraire en langue française. Chaque année, l'Hôtel de Massa accueille près d'un millier de visiteurs à l'occasion de Journées Européennes du Patrimoine.