Le projet : déplacement et restauration d'un gisant du XIIIe siècle
Le Conseil départemental de la Sarthe a lancé des travaux de restauration du gisant de la Reine Bérengère, avec l'accompagnement de la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays-de-la-Loire. Cet ouvrage sculpté en pierre du XIIIe siècle, exposé aux variations climatiques, se devait de retrouver un emplacement plus valorisant.
Pourquoi déplacer le gisant ?
Un important travail de recherche et d’études historiques et archéologiques en amont ont permis de documenter la connaissance du gisant et d’orienter les choix du Département sur la détermination du choix final d’implantation guidée par des motifs symboliques, historiques et conservatoires, et sur le programme de travaux.
En 2018, une étude historique et architecturale générale, intégrant des relevés de polychromie et un diagnostic sanitaire complet, a permis de valider la faisabilité du déplacement du gisant dans le chœur de l’église abbatiale, où sont traditionnellement inhumés les fondateurs d’une abbaye. Les connaissances historiques et l’étude des fragments du tombeau, retrouvés récemment dans le dépôt lapidaire du site de l’abbaye, n’ont pas permis d’établir avec certitude la configuration et l’emplacement d’origine du tombeau et de ses premiers déplacements.
Préserver le gisant
Ce déplacement a pour objectif l'amélioration des conditions de sa conservation, mais aussi de sa présentation. Le public pourra désormais s'approcher du tombeau, tel que découvert par Stothard en 1817. Le remontage du tombeau comprend la réintégration de trois panneaux, sculptés en pierre et retrouvés récemment, du coffre constituant le socle du gisant. L'intérêt patrimonial du gisant et sa fonction religieuse devant être représentés, son déplacement dans le choeur de l'église abbatiale portait le plus de sens et une véritable portée historique.
Faites un don et participez à ce projet historique inédit !
- début de travaux
septembre 2020
- fin de travaux et inauguration
décembre 2020
Le lieu et son histoire : une oeuvre patrimoniale internationale
Bérengère de Navarre, fille du roi de Navarre, est née en 1170 dans les Pyrénées. En 1191, elle épouse Richard Cœur de Lion et devient par cette alliance reine d’Angleterre mais aussi reine de Chypre, duchesse de Normandie et comtesse de l’Anjou et du Maine. En 1199, Richard, alors parti guerroyer en Haute-Vienne, reçoit une flèche dans l’œil et meurt. Le frère de Richard, Jean sans Terre, refuse de donner à la Reine Bérengère les terres qui lui sont dues. Par concours de circonstance et d’alliance, elle reçoit finalement la terre de l’Espal et en prend possession en 1228. En 1229, elle lance la construction de l’abbaye de la Piété-Dieu, connue sous le nom de l’Abbaye Royale de l’Épau et meurt un an après.
L’Abbaye Royale de l’Épau, constitue l’un des plus beaux exemples de l’architecture cistercienne en France. Ce bâtiment classé au titre des monuments historiques est une propriété du Département de la Sarthe.
A la Révolution, l’abbaye, presque désertée par les moines depuis le XVIIIème siècle, est vendue comme bien national à un industriel. Transformée en blanchisserie, puis en exploitation agricole, l’abbaye a connu de nombreuses vicissitudes avant son rachat par le Département de la Sarthe en 1959. Un vaste programme de restauration, toujours en cours, lui donne un second souffle faisant de l’abbaye un des hauts lieux culturels de la Sarthe.
La mobilisation : un « chantier de France » mêlant savoir-faire ancestraux et techniques scientifiques de pointe
Le chantier de restauration et de déplacement du gisant a obtenu le label « Chantier de France », label créé à la suite de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris et visant à transmettre le savoir-faire des métiers d’arts. Ces travaux ont été pilotés par le Département, en délégation de maîtrise d’ouvrage de la DRAC des Pays de la Loire sous maîtrise d’œuvre du Cabinet Architrav et de son responsable François Jeanneau (architecte en chef des Monuments Historiques).
La nature des travaux à engager à nécessité le recours à des experts des domaines concernés et permis aussi d’expérimenter des techniques nouvelles ou innovantes (nettoyage au laser de l’ensemble du gisant sculpté et des 3 côtés du socle, expertise au Carbone 14 de la datation des ossements du tombeau…).