Le projet : préserver la filature Levavasseur usine textile aujourd'hui en péril à Pont-Saint-Pierre
Joyau du patrimoine industriel, ruine romantique, cathédrale industrielle unique en Europe… Ce ne sont pas les qualificatifs élogieux qui manquent pour parler de la Filature Levavasseur. Celui qui n’est jamais passé devant les ruines de cette impressionnante filature au bord de l’Andelle à Pont-Saint-Pierre ne peut comprendre l’effet produit.
Depuis les années 1960, le Département de l’Eure est propriétaire de ce site majestueux. Majestueux mais aussi fragile. Ainsi, pour la première fois depuis des décennies, le Département engage des travaux pour le consolider et le sécuriser. L’objectif est de pouvoir l’ouvrir au public lors des Journées européennes du patrimoine en 2022.
C’est la première phase d’une mise en valeur beaucoup plus ambitieuse pour les années à venir. La contrepartie financière est à la hauteur du potentiel du site : conséquente. Les premiers travaux de sécurisation et de cristallisation des maçonneries sont estimés à 400 000 €. Ils sont indispensables pour la suite.
- Septembre 2020
Début des travaux
- Printemps 2022
Fin des travaux
Le lieu et son histoire : une usine cathédrale du XIXe siècle
En 1858, pour remplacer deux usines incendiées, le baron Charles Levavasseur fait construire sur les rives de l’Andelle, à Pont-Saint-Pierre, une filature de coton exceptionnelle et unique en France. L’usine est monumentale par ses dimensions : 96 mètres de longueur, 26 mètres de largeur et 36 mètres de hauteur. C’est alors une des plus grandes filatures de France. A l’intérieur du bâtiment, les cinq niveaux d’ateliers bénéficient d’une hauteur sous plafond de 6 mètres, de manière à offrir les conditions optimales de travail, de lumière et de salubrité.
Quatre tonnes de fil de coton par jour
L’usine est exceptionnelle. Sa capacité de production est 10 fois supérieure à celle d’une filature de taille moyenne. Elle peut produire 4 tonnes de fil de coton par jour.
C’est une véritable cathédrale dédiée à la gloire de l’industrie. En effet, la forme et l’esthétique de l’usine s’inspirent directement de l’architecture religieuse néo-gothique. Rien dans l’apparence de l’édifice n’indique sa fonction industrielle.
13 ans seulement d’activité
Dès sa mise en activité, la filature Levavasseur joue d’une malchance récurrente. Le contexte international lui interdit de fonctionner à plein régime. Lorsque les conditions économiques sont enfin réunies, un incendie dévastateur se déclenche le 23 août 1874. En quelques heures, tous les planchers s’effondrent, les machines sont détruites et l’usine est en ruine. C’est ainsi qu’on la voit encore aujourd’hui. La cathédrale industrielle Levavasseur aura fonctionné à peine 13 ans !
Un nouvel incendie sonne le glas
À la suite de cette catastrophe, la production est transférée dans la petite filature, construite dans le prolongement de l’usine-cathédrale. L’activité y perdure à moindre échelle jusqu’en 1946, date à laquelle un incendie la détruit à son tour. Ce dernier sinistre entraîne la fermeture définitive du site puis sa vente en lots par les héritiers Levavasseur dans les années 1960.
Le site comprend alors les ruines de l’usine-cathédrale et de la petite filature attenante, les bâtiments de stockage (dit bâtiment de l’horloge) et des moteurs diesel (dit bâtiment des machines), une centrale hydroélectrique (ces deux derniers édifices ayant été construits dans les années 1930), la maison du directeur et quelques petites maisons ouvrières en bande.
La mobilisation : Vers une nouvelle fonction...
Le site attire par le mystère de ses vestiges majestueux posés dans un écrin naturel extrêmement préservé. Actuellement, le site est ouvert ponctuellement à des étudiants et des chercheurs. Le Département travaille à un projet de valorisation complet qui aura pour objectif de concilier ouverture au plus grand nombre, valorisation des vestiges et préservation du site patrimonial et naturel. Il doit permettre la découverte du site en toute sécurité : aménagement de points de vue, de cheminements, etc. Il permettra également sa compréhension en aménageant un espace d'interprétation immersif qui plongera les visiteurs dans son histoire. Par ailleurs, le caractère unique du lieu sera mis en valeur en en faisant un lieu d'exposition pour des œuvres contemporaines conçues sur mesure.
Les partenaires
La Mission Patrimoine confiée à Stéphane Bern, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et FDJ, contribue à la sauvegarde du patrimoine français dans toute sa diversité.
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