Église Saint-Laurent des Senades aux Islettes dans la Meuse

L’église Saint-Laurent des Senades aux Islettes date de la fin du XIXe siècle. D’extérieur, l’édifice ne présente apparemment pas de désordres. Néanmoins, à l’intérieur, l’état est alarmant. Le sol, instable, s’est ainsi affaissé de plusieurs centimètres. Les élévations intérieures sont également dans un état de détérioration avancé : tous les arcs sont déformés et une colonnette a éclaté. De manière générale, l’édifice est couvert de fissures et de lézardes (l’une d’elles atteint même 26 mm de large).

Pour des raisons de sécurité, l’église est totalement fermée au public et nécessite une restauration urgente. Un Architecte du Patrimoine a ainsi été désigné pour exécuter la restauration dans les règles de l’art. Un relevé diagnostic de l’état de la structure et des opérations de sondage géotechniques ont déjà été réalisés.

Le programme de travaux est conséquent et prévoit notamment :

• La reprise en sous-œuvre extérieures et intérieures ;
• La dépose en conservation du mobilier et du revêtement de sol ;
• La reprise du dallage et des finitions intérieurs (carrelage, escalier en pierre) ;
• La réfection des maçonneries ;
• La restauration de la toiture en ardoise.

L’église Saint-Laurent, chapelle néo-gothique commanditée par la famille de Bigault, a été inaugurée en 1893. Elle coexistait alors avec le château familial et une verrerie, fondée au XVI° siècle.

Les vitraux, restaurés récemment, représentent les saintes patronnes des fondatrices Eugénie, Emilie et Zoé de Bigault de Parfonrut ainsi que Saint-Laurent, patron des verriers. D'autres, en « grisaille » évoquent les activités des ouvriers verriers, notamment la fabrication des cloches de jardin, spécialité locale.

En 1898, Louis de Bigault du Granrut hérite de la verrerie, de la demeure familiale et de l'église des Senades. Il reprend la verrerie, toute proche et plus moderne, des Islettes. Il y transfère progressivement la production de la verrerie des Senades qu'il ferme en 1910. La verrerie des Islettes, la dernière en Argonne, sera dirigée par ses fils jusqu'à sa fermeture en 1937.

Dès 1940, l’Argonne est désignée « Zone interdite » et l’armée allemande occupe le territoire. Certains courageux entrent dans la Résistance et fondent le réseau Argonne. Parmi eux, André de Bigault du Granrut et ses deux fils. Ils sont finalement arrêtés par les SS et des miliciens français le 24 août 1944, avec un groupe de 15 hommes, enfermés dans l’église Saint-Laurent puis déportés vers le camp de concentration de Neuengamme (Allemagne). Au matin du 26, le château des Senades est pillé puis incendié. Il ne reste rien, qu’un pré immense et vide, et l’église.

Dans son caveau reposent les dépouilles des de Bigault du Granrut depuis 130 ans. La famille veille depuis toujours à la préservation de l'église, qui est devenue un lieu de mémoire de la Résistance et un vestige de l’histoire des verriers locaux.

L'église et ses vitraux, le site de la verrerie, qui témoignent de la vie économique et sociale locale, occupent une place importante dans le Musée du Verre d'Argonne et sont une étape des parcours “Vitrail en Argonne” et “Verre d'Argonne” de l'association des Amis du Verre d'Argonne.

Le souvenir de la tragédie de 1944 est, quant à lui, perpétué à travers une plaque en marbre et une stèle. La mairie des Islettes, les anciens combattants et les descendants de la famille organisent régulièrement des commémorations.