Chêne-chapelle millénaire d'Allouville-Bellefosse

Une inspection réalisée au mois de mars 2023 a permis de déceler un certain nombre de points d’interventions urgents à traiter afin d’assurer la pérennité de l’arbre-monument et l’accueil du public. Ainsi, on note encore la présence d’arrivée d’eau lors de fortes pluies dans la chapelle supérieure. Il est à confirmer d’où vient cette infiltration et d’y remédier par la pose d’un enduit siliconé.

Une opération de taille de bois mort permettra de purger une branche allant vers la route et totalement sèche ainsi que de petites branches en périphérie, à l’exclusion de tout bois vivant. A cette occasion une vérification de tension des haubans sera faite ainsi qu’une proposition de colmatage des grosses cavités sur branche, comme faites à l’époque en résine adaptée à la forme de la branche.

Il apparait que suite aux infiltrations et vieillissement, les marches au niveau de la chapelle haute sont à remplacer ainsi qu’une partie du plancher de la chapelle. Dans ces conditions l’accès public à la partie haute du chêne est compromis. Des tuileaux seront posés sur les parties altérées et au-dessus de la chapelle haute.

Il sera procédé à la suppression des parties de bois mort, la vérification des tensions des haubans, ainsi qu’une inspection à la nacelle des possibles ouvertures d’infiltration au-dessus de la chapelle. La cavité observée au niveau de la chapelle sera également vérifiée. Lors des travaux il est envisagé la fermeture temporaire de la route.

Enfin, les travaux comprendront la pose de confortement structurel et une reprise du décor en fausse écorce sur la cavité de la charpentière haubanée.

Le chêne d’Allouville ou « gros chêne d’Allouville » pousse à seulement quelques mètres du porche de l’église Saint-Quentin, dans ce qui fut autrefois le cimetière du village. On le dit généralement âgé de 1000 à 1200 ans ; cependant d’autres estimations se basant sur la taille du tronc et sa vitesse de croissance lui attribuent plus volontiers 700 à 800 ans.

Il n’en demeure pas moins un très vieux spécimen, ce qu’atteste d’ailleurs l’existence d’un tronc creux depuis plusieurs centaines d’années. Selon la légende, c’est intrigué par cet espace que le père Du Cerceau aurait pris l’initiative à la fin du XVIIème siècle de dénombrer les enfants pouvant pénétrer à l’intérieur. Mobilisant les écoliers du village il en fut compté 40. Cet évènement aurait été le déclencheur en 1696 de la décision de l’abbé du Détroit de faire aménager une petite chapelle dédiée à Notre-Dame de la Paix ; laquelle chapelle se trouva doublée d’une chambre d’ermite installée dans une cavité supérieure du tronc.

Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, il semble que le chêne d’Allouville ait fait partie d’un complexe végétal absolument remarquable. Aménagé dans le jardin du presbytère, cet ensemble était semble-t-il composé d’un labyrinthe créé par l’abbé Du Détroit, auquel s’associaient une vieille épine et un hêtre. Lors de la Révolution française, il est sauvé de l'abattage par le maître d'école qui y appose un écriteau "Temple de la Raison".

Plus récemment, il est le "personnage principal" du film populaire "Ils sont fous ces normands", rebaptisé localement du nom même du chêne.