Ancien palais de justice et Fonds Alix à Bagnères-de-Bigorre

Le bâtiment a souffert d'un manque d'entretien pendant les dernières années de son utilisation, il est à l'abandon depuis sa désaffectation. De ce fait, il est aujourd'hui en péril, comme en témoignent l'effondrement des plafonds, les murs attaqués par l'humidité ou encore son toit et sa charpente fragilisés. Un premier diagnostic sanitaire effectué en octobre 2023 a notamment révélé la présence d'insectes xylophages et de champignons.

Dans le cadre des travaux, une réfection de la couverture, des façades ainsi que des parties communes sera effectuée, dans le respect des caractéristiques de ce patrimoine du XIXe siècle. Aussi, la réfection des espaces verts de l’immeuble, l'isolation thermique et la mise en accessibilité des parties publiques du bâtiment sont prévues.

L’objectif ? Pouvoir réaménager l’intérieur pour y accueillir dans des conditions de conservation adéquates le Fonds photographique Alix, la Société Ramond (unique société savante du territoire) ainsi que des archives municipales. Il est également prévu que l'édifice abrite des locaux (bureaux, laboratoires, réserves), notamment pour héberger les associations en charge de la sauvegarde du patrimoine et des espaces d’exposition.

Le projet de réhabilitation de l'ancien palais de justice s'inscrit pleinement dans une démarche de développement durable. L’utilisation de matériaux locaux et d'origines biosourcées ou issus du réemploi (la pierre naturelle en façade, agencement et sols, le bois en agencement et en planchers, des matériaux efficients et respirants d'origine biosourcée comme les enduits minéraux chaux / chanvre, les panneaux de liège expansé et la laine de bois pour les combles, etc.) est une priorité.

Situé au centre-ville de Bagnères-de-Bigorre, sur les bords de l’Adour, le palais de justice est construit au milieu du XIXᵉ siècle. Resté en activité près de 150 ans, il est désaffecté en 2009. En 2022, la Ville de Bagnères devient propriétaire de l’édifice et souhaite lui donner une nouvelle vie en y accueillant le Fonds photographique Alix [1860- 2006].

L’épopée des studios Alix, c’est avant tout une histoire, une aventure familiale et humaine, dont la marque «Alix» est créée en écho au prénom d’Alice Essaylet (née Baylac). Plusieurs générations de photographes se sont succédées au gré des multiples reprises qui se sont opérées depuis 1893 à Bagnères-de-Bigorre et sur l’ensemble du département.

Le fonds Alix se compose de près d’un million de photographies, de matériel photographique, et de documents imprimés. Il s’organise en deux ensembles distincts, une première partie concerne les archives photographiques produites par les studios de Bagnères-de-Bigorre, de Tarbes et de Lannemezan implantés dans les Hautes-Pyrénées (1893-2013), tandis que la deuxième partie regroupe les archives du studio de Bagnères-de-Luchon, implanté dans le département de la Haute-Garonne (1941- 2023).

Témoins visuels de l’histoire sociale, culturelle et économique pyrénéenne sur plus d’un siècle, les archives Alix constituent un précieux matériau pour l’écriture et la transmission d’une mémoire collective, qu’elle soit ordinaire en incarnant des évènements de la vie quotidienne ou plus marquante. Portraits, reportages industriels, paysages, scènes de vie quotidienne, artisanat, sports, fêtes et traditions sont autant d’exemples de thématiques représentées dans le fonds.

Il conserve une grande variété de supports et de procédés photographiques aux formats protéiformes : négatifs sur papier (1840-1860), sur verre au gélatino-bromure d’argent (1880-1930), sur support souple (acétate, nitrate, polyester), diapositives mais aussi tirages (papier albuminé, papier salé, aristotype), cartes postales et photographies nativement numériques.

Si le fonds Alix constitue un ensemble exceptionnel au regard de l’histoire de la photographie - tant du point de vue de sa volumétrie, que de ses supports, procédés et usages - il incarne également le symbole de la transmission d’un héritage et d’un savoir-faire au sein de la sphère familiale et de la profession de photographe

Le projet d’installation du Fonds Alix dans l’ancien palais de justice répond à plusieurs dynamiques territoriales. Tout d’abord, il s’inscrit dans une démarche engagée de labellisation du Pic du Midi au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le Fonds Alix constitue un des matériaux les plus précieux pour cette dernière car il retrace son histoire et toute la dimension culturelle, humaine et territoriale du Pic du midi.

De plus, ce projet permettra à terme de mettre en lumière la mémoire de Bagnères-de-Bigorre, des Pyrénées et des techniques photographiques du XXe siècle. Il répond également aux attentes des visiteurs, en proposant de découvrir le patrimoine local, dans un édifice lui-même chargé d’histoire.

Enfin, ce projet répond à une stratégie de revitalisation du centre-ville de Bagnères-de-Bigorre, en devenant un outil culturel et scientifique pour le massif pyrénéen, mais aussi en constituant une des pierres angulaires d’un ensemble d’opérations touristiques (aménagement d’une voie verte, espaces de promenade, loisirs, parc urbain avec une fresque monumentale du Fonds Alix de l’ancienne marbrerie Géruzet etc.) visant à dynamiser le site.