Château de Lacypierre à Saint-Crépin et Carlucet / SCI LACYPIERRE

Le château est typiquement périgourdin et date du début du 16ème siècle, il a été inscrit à l’inventaire des monument historiques en 1946. Il est remarquable par ses proportions à l’échelle humaine, sa pierre ocre jaune, sa couronne de chêne verts et sa toiture de lauze. Annick et Serge Lebon-Hénault l’acquièrent en 1968. Elle est professeur de lettre et d’histoire, il est professeur à l’école Boule puis architecte. C’est un coup de cœur pour ce qui est « une ruine debout ». Ils ont le sentiment d’être appelé pour une mission. Le château fera l’objet d’une longue et minutieuse restauration entre 1968 et 2015.

La première tranche de travaux en 1970 consiste à refaire la charpente et la toiture de lauze de la tour carrée et du petit salon, car il y a urgence. Malheureusement ce n’est pas un lauzeur professionnel qui effectue ce travail, l’insuffisance de longue lauzes perçantes et la présence de mortier fait qu’aujourd’hui la toiture de la tour carrée menace de glisser et que le petit salon prend l’eau de toute part. Il est donc urgent d’intervenir ! Il s’agit donc d’échafauder, de déposer les lauzes, de restaurer les charpentes et de lauzer dans les règles de l’art la tour carrée et le pavillon 18ème.

Le château est situé au cœur du Périgord noir, à 12 km de Sarlat dans le village de Saint-Crépin riche d’une église romane, d’un presbytère du 16ème, d’un lavoir et de quelques maisons typiques. Le château de Lacypierre porte le nom de la famille Benié de Lacypierre qui en 1462 prend possession de ce fief ayant appartenu au Ferrières, petit noble chevaliers vassaux de la seigneurie de Salignac. En lieu et place de l’ancienne maison forte dont il ne reste qu’une cave voûtée du 13ème siècle, ils bâtissent cette demeure tout début 16ème. Ils ajoutent au 17ème le balcon à balustres et les lucarnes à frontons triangulaires sommées de trois boules de pierre axées sur des fenêtres à meneaux de bois. Au 18ème un petit pavillon sera adossé à l’arrière de la tour carrée.

Les Benié de Lacypierre, procureur du roi au présidial de Sarlat de père en fils, habitent un bel hôtel particulier en ville. Le château est donc leur maison de campagne, mais c’est aussi une ferme, le fermier vivant à l’année dans la maison, maintenant en ruine, située en face du château. A cela il faut ajouter que c’est aussi une terre de rapport le seigneur foncier jusqu’à la Révolution française touchant un impôt (le cens) des paysans qui possèdent une terre sur sa seigneurerie d’environ 500ha. Guillaume Benié de Lacypierre (1734-1826), le dernier du nom, garde du corps de Louis XV et de Louis XVI, émigre en 1792 à Coblenz rejoindre les troupes du prince de Condé. Si l’hôtel particulier à Sarlat est saisi au profit de la nation, le château, grâce au courage de ses sœurs et de son épouse restera dans la famille. C’est un petit-fils de Guillaume qui est à l’origine des jardins de Marqueyssac. L’histoire de ce gentilhomme périgourdin, de sa famille et plus généralement de la paroisse de Saint Crépin a fait l’objet d’un livre : « Lacypierre La mémoire retrouvée », fruit du travail de recherches mené par Annick Lebon-Hénault et paru en 2018 quelques jours avant son décès.

Vendu en 1846 à la famille Malbec, ces derniers n’envisagent pas d’habiter cette demeure mais ils font exploiter les 50 hectares de terre par des métayers qu’ils finiront par installer dans le château pendant plus d’un siècle pour le vendre en 1968 à la famille Lebon-Hénault. C’est donc une demeure qui n’a pas subi aux 19ème et 20ème siècles de modification, elle est restée authentique et c’est ce qui participe à son charme.

Le château a été habité jusqu’en 2018. Il est aujourd’hui pour une partie aménagée en location saisonnière et pour une autre ouvert à la visite de Pâques à la Toussaint. Ce sont les propriétaires actuelles, Isabelle et Florence Lebon-Hénault qui accompagnent ces visites, relatant avec passion et émotion l’aventure de leurs parents et l’histoire des Benié de Lacypierre.

Dans le cadre des Château en Fêtes elles reçoivent des hôtes dans le grand salon pour un repas aux chandelles raffiné et chaleureux. Dans le cadre des JEP deux visites suivies d’un apéritif gourmand sont organisées. Le château a servi à trois reprises de décors pour le cinéma et la télévision. Il a été le cadre d’un spectacle son et lumières « Magie dans la nuit » entièrement réalisé par des bénévoles habitants de la commune.

Le château et son jardin sont visibles de la voie publique et nombreux sont ceux qui viennent s’y promener en famille ou avec des amis, toujours fiers de leurs faire découvrir un petit coin méconnu du Périgord noir. Jean Secret n’écrivait-t-il pas qu’il est « périgourdin en diable ! »